Warning: file_get_contents(/home/clients/ee1a5df92c8b44c01ec688a83ad676e8/web/wp-content/plugins/nextgen-gallery/src/Legacy/admin/images/select1.png): Failed to open stream: No such file or directory in /home/clients/ee1a5df92c8b44c01ec688a83ad676e8/web/wp-includes/init.php(260) : eval()'d code on line 1

Warning: gzinflate(): data error in /home/clients/ee1a5df92c8b44c01ec688a83ad676e8/web/wp-includes/init.php(260) : eval()'d code on line 1
2023-2024 FALGAS Geneviève - ALCA31
2023-2024 FALGAS Geneviève

2023-2024 FALGAS Geneviève

Le livre que je présente, Un jour, la guerre finira, paru aux éditions CAIRN en novembre 2018, est un roman historique, qui mêle étroitement la réalité historique et la fiction du roman.

La photo de couverture a été prise le 6 novembre 1940 lors du passage du maréchal Pétain à Montauban. On aperçoit, en fond, le Café Raymond et l’arrière de la cathédrale. Cette photo appartient au Musée de la Résistance qui m’a autorisée à la reproduire.

Ce qui est intéressant dans la présentation d’un livre, me semble-t-il, est   d’expliquer comment l’idée première a pu naître dans l’esprit de son auteur, et comment peu à peu s’est développé tout un récit autour de cette idée.

Ainsi, et c’est le point de départ, il y a quatre ou cinq ans j’ai préparé une conférence pour l’Académie de Montauban sur la vie quotidienne en Tarn-et-Garonne pendant l’Occupation, d’après les Rapports des préfets en poste à Montauban.

1 –a) Mes sources principales ont donc été les Rapports (mensuels) de ces préfets, de 1941 à 1945 – et c’est dire l’épaisseur de ces dossiers. 

Bien que le département ait été libéré en août 1944,il était intéressant de voir comment la vie quotidienne reprenait alors qu’une partie de la France restait à libérer. J’ai donc aussi regardé de près l’année 1945.

Ces Rapports m’ont permis de connaître les événements locaux, assez souvent d’ailleurs à partir d’une« lecture inversée » :par exemple, ce que les préfets qualifiaient« d’actes terroristes » étaient des actes de Résistance, ou ceux qu’ils désignaient comme« nos ennemis »étaient les Alliés, et les Résistants devenaient sous leur plume des « terroristes ».

Cependant ces sources n’ont pas été les seules : j’ai complété l’étude des Rapports, en premier lieu par la lecture de plusieurs témoignages d’anciens maquisards.Les Rapports des préfets et les témoignages des maquisards sont consultables aux archives départementales à Montauban.

Ensuite, j’ai bénéficié opportunément d’une documentation audiovisuelle importante : les très nombreux reportages diffusés par les chaînes Histoire à la télévision, très riches de documents d’époque, m’ont imprégnée de l’Histoire, et de l’atmosphère, de ces années de guerre.

Je mentionnerai également, sans entrer dans le détail des titres, une bibliographie documentaire assez importante.

  Enfin, et en réalité,ma documentation concernant les dossiers d’archivesa « balayé »plus large que les Rapports des préfets, étant donné la diversité des aspects de cette période de l’Occupation.

  Ce travail de documentation m’a passionnée. J’ai trouvé cette période tellement intéressante, complexe, dangereuse pour ceux qui la vivaient, que l’idée m’est venue, parallèlement, d’écrire un roman, où les personnages évolueraient dans le cadre des événements historiques qui se sont déroulés dans la région.

  J’ai voulu la recréation de la part de l’Histoire aussi importante que l’évolution des personnages dans la fiction que je projetais d’écrire.

b)À partir de ce projet, concernant la documentation plus spécifique au roman, pour quelques passages qui se passent hors de France, j’ai pu disposer de documents personnels.

   En effet, deux de mes personnages choisissent la Résistance hors de France, dans les rangs de la France Libre, et c’est en Tunisie, ensuite en Italie que la guerre se poursuivait.

 Pour la campagne de Tunisie, de novembre 1942 à mai 1943, complètement ignorée aujourd’hui et qui se solda par l’anéantissement de l’Afrika Korps et 250 000 prisonniers (200 000 Allemands, 50 000 Italiens), j’ai utilisé un journal, manuscrit, tenu au jour le jour par le directeur[1] d’une école, ainsi qu’un second journal, également manuscrit, tenu par une personne dont l’épouse était institutrice et qui résidait dans un quartier excentré de Tunis[2].

  Pour les débuts de la campagne d’Italie, autour de janvier 1944, je me suis référée au récit d’un militaire[3], membre de ma famille, qui participa aux combats du Monte Cassino.

J’ai par ailleurs reçu de nombreuses lettres de soldats qui participèrent à la campagne de Tunisie, dans la région (celle où j’ai vécu jusqu’à l’âge de 18 ans) où est tombé ce qui restait de l’Afrika Korps. J’avais obtenu ces lettres à la suite d’un appel à témoignages par l’intermédiaire d’un journal de retraités militaires, dans les années 85/90, alors que déjà je recueillais des témoignages sans savoir ce que j’allais en faire. Je ne citerai qu’un exemple, parmi d’autres, de ces témoignages que j’ai intégrés dans mon récit : une grande bataille s’annonçait, et un jeune soldat voulait absolument être baptisé avant d’aller au front. Le parrain fut un frère d’armes du soldat, mais le prêtre dut trouver en urgence une marraine : cette dernière était nommée dans le témoignage reçu, mais sa personnalité, dans le roman, est purement du ressort de l’imagination.

Quelques mots encore sur la question des témoignages : à mon arrivée dans la région, il y a des décennies, les villes de Moissac et de Castelsarrasin bruissaient de commentaires de tous ordres, souvent sans doute de commérages plus ou moins bien intentionnés. À l’époque, j’ai prêté l’oreille à cette vox populi, et je m’en suis souvenu, mais sans jamais engager mon récit dans des détails ou des précisions qui auraient été inopportunes. Ce qui d’ailleurs brouillerait bien des pistes, s’il y en avait, c’est que j’ai souvent mélangé les deux villes, au sujet des lieux, des bâtiments, ou des faits divers –et, d’une manière générale, partout, au fil du roman, on retrouve, dans de nombreuses situations, dans la psychologie des personnages, dans les faits divers, un mélange indémêlable entre réalité et fiction.

2 -Le roman débute le 11 novembre 1942, jour de l’invasion par les Allemands de la zone dite libre, en représailles au débarquement allié en Afrique du Nord, le 8 novembre. La France entière désormais ploie sous les privations et les difficultés de l’Occupation directe.

Ce récit aborde ensuite la Libération du Tarn-et-Garonne, et au-delà celle de Toulouse et de tout le Sud-ouest, au mois d’août 1944. En évoquant la Libération, j’ai une pensée pour la 75ecommémoration du Débarquement de Normandie qui s’est déroulée le 6 juin dernier : voici comment les événements auraient pu être vécus dans le Sud-ouest.

En effet, lorsque la division allemande Das Reich (forte de 16 000 hommes), la tristement célèbre d’Oradour-sur-Glane, quitta le département où elle était casernée en 16 endroits différents, elle commit des actes de sauvagerie dont le souvenir perdure dans la mémoire collective.

  Le récit se prolonge, pour les besoins de la trame romanesque, jusqu’en 1946 : le pays est encore plongé dans les conséquences de l’état de guerre, mais la République petit à petit se réinstalle.

Ce roman, sur le fond historique évoqué, que j’ai voulu important et omniprésent comme je l’ai déjà dit, reconstitue la vie quotidienne du département à travers un groupe de jeunes gens, hommes et femmes, qui ont décidé de résister. Ce que fera chacun à sa manière. Mais leur engagement dans la Résistance bouleversera leur vie, alors que, pleins du désir de vivre, ils avaient déjà leurs projets pour une existence qui commençait à se dessiner. La guerre en décidera autrement. Rares sont ceux qui ressortiront indemnes de la barbarie de l’époque. Chacun, pour ceux qui auront survécu, assumera le bilan de ces années sombres à l’échelle de sa vie personnelle. Et là, on rejoint le titre : « Un jour, la guerre finira ».

En somme, et vu sous l’angle du destin des personnages, ce récit pourrait se résumer en une phrase : « Histoires de guerre et d’amours dans la grande Histoire, celle de la Seconde guerre mondiale ».

Il n’y a, dans ce roman, aucun message caché, aucune signification philosophique, simplement la reconstitution, mêlée de fiction, d’une tranche de vie dans l’Histoire du Sud-ouest.

3- Quelques mots sur mes personnages – sans rien révéler cependant de leur destin dans le roman, cela va de soi.

Je les ai choisis,issus de classes sociales très diverses, en fonction du rôle qu’ils auraient pu avoir à l’époque dans la vraie vie. 

Parmiles gens que j’ai connus, ou interrogés, par le passé et pendant les deux années où j’ai rédigé ce récit, il y a, transformées par l’alchimie de l’écriture,ceux qui ont pu m’inspirer, de loin.

Un cas à part, que j’ai restitué dans toute son authenticité : le personnage de la vieille cuisinière qui répond au nom de Berthe, etdont le caractère haut en couleur, à la fois fort et fragile, m’a beaucoup marquée au cours des longues années où je l’ai connue.

Le personnage du garde forestier m’a été inspiré par le technicien forestier qui m’a permis de consulter, en 2012, les livrets quotidiens tenus par les gardes de la forêt de Montech, pour les années 40 en particulier. Ces livrets quotidiens, au nombre de 70, sont aujourd’hui en grande partie déposés aux archives départementales à Montauban.

Ainsi, entre autres, j’ai mis en scènes quelques femmes, une coiffeuse, la propriétaire d’un hôtel-restaurant que fréquentaient les gradés allemands – une institutrice, la fille d’un chef de culture, et même une tenancière de maison close.  À ce sujet, au centre d’art roman de Moissac se trouve un mince dossier concernant les anecdotes dont je me suis servie – des anecdotes qui n’ont pas eu lieu à cette période de l’Occupation, mais vingt ans plus tôt : dans un roman, où il faut quand même des situations pittoresques pour appuyer l’intérêt du récit, on peut tordre la réalité quand elle ne transforme pas des événements historiques. Il en est de même pour le parcours de « Madame Apolline » qui ressort de ma propre imagination, bien qu’inspirée par certaines tenancières de maisons closes qui ont été de véritables résistantes, cachant principalement les jeunes réfractaires du STO[4]. Il y a eu ensuite la loi Marthe Richard qui a fermé ces maisons : aux archives départementales à Montauban existe un dossier qui renseigne sur le réemploi des locaux des anciennes maisons closes.  Concernant encore cette question, j’ai consulté les comptes rendus des conseils municipaux de Moissac pour les années 1940-1945. En vain, à mon grand regret : pas un mot n’évoque la maison close de Moissac – que dans mon récit, j’ai localisée à Castelsarrasin.

Pour les personnages masculins, on trouve un chef de maquis, garde forestier de son métier ;un cheminot, issu de l’immigration italienne des années 20, dont les activités professionnelles cacheront les sabotages de trains ; un des secrétaires du cabinet du préfet, qui sera à l’origine de très nombreux renseignements ; le fils du châtelain de la région : le château de ses parents, réquisitionné, abritera l’état-major allemand qui organisera le pillage de la grande forêt, dite de Montech[5], celle qui s’étend depuis Montauban jusqu’aux environs de Toulouse. Le lieu existe toujours, c’est le château de Cadars, aux façades récemment restaurées.

Un autre de ce groupe est un déserteur alsacien, de ceux enrôlés de force dans l’armée allemande et qu’on appelait des malgré-nous : ce dernier épisode m’a été raconté par le jeune résistant à qui avait été confiée la surveillance du déserteur allemand.Et puis quelques-uns parmi mes personnages principaux cultivaient la terre, travaillaient la vigne, dans ces campagnes françaises où la population était encore en grande partie rurale.

   En somme, des personnages, hommes et femmes, qui sont le reflet de ceux qui ont pu vivre à cette époque, dans notre Sud-ouest.

Je peux en effet ajouter que dans chacun de mes personnages, il y a une part de vérité. Mais surtout, à côté de cette part de vérité, là plus qu’ailleurs dans le roman, j’ai laissé libre cours à mon imagination, à la fiction : en dehors de la vieille cuisinière, il ne faut pas chercher de ressemblances avec des hommes et des femmes qui auraient réellement existé. Mon objectif a été de mettre en relief diverses formes de Résistance, et de les faire vivre par des personnages imaginés.

Les rapports des préfets mentionnent les différents moments de la vie des campagnes, en particulier, comme pour mettre en relief le fait que rien n’a changé sous la tutelle « bienveillante » du Maréchal : par exemple, les vendanges. Ces jours qui rappelaient les temps d’abondance et de paix étaient censés faire oublier les rigueurs de l’époque.

  D’autres moments de cette vie des campagnes, pour ceux qui en étaient les acteurs, restaient plus discrets parce qu’ils cachaient, derrière leur consommation personnelle, l’aide au ravitaillement des maquis : le jour où l’on tuait le cochon. Malheureusement, les délations à ce sujet étaient monnaie courante, comme celles qui visaient les boulangers et les meuniers. Il y a de tout cela dans la vie quotidienne du département que j’ai retracée.

4 – Pour les événements que vivent mes personnages, ou dont ils ont eu connaissance, ils correspondent à la réalité, aucun n’est inventé. Pour donner quelques exemples au hasard, la Joconde, ce tableau emblématique du Louvre, a bien été, un temps, caché au musée Ingres à Montauban, puis déménagé après l’Occupation du Sud de la France : elle se trouvait proche d’un pont et d’une gare, lieux trop souvent ciblés par les bombardements. Ou encore les pendus de Dunes, comme l’évocation de la lettre de dénonciation, les quatre pendus de Montauban, la libération des prisonniers politiques, c’est-à-dire les Résistants, de la prison Saint Michel à Toulouse[6], tout cela, entre autres, a bel et bien eu lieu, comme le sauvetage des enfants juifs de Moissac dont aucun, sur les 500 qui y sont passés, n’a manqué à la Libération. Même les graffitis que j’évoque, faits par des maquisards emprisonnés dans une grange du château de Cadars – et que son propriétaire m’a montrés lors d’une de mes visites au château. Bien sûr,  le contenu de ces graffitis est de mon invention, en cohérence avec le fil du récit romanesque. L’incendie du château est également évoqué, mais je n’avais pas eu connaissance, à l’époque où je rédigeais ce livre, de la cause véritable de cet incendie.

De même, j’ai évoqué, entre autres, les combats de la Vitarelle, un lieudit près de Montech, et le départ des Allemands qui marquèrent l’un des tout derniers actes de la Libération du Tarn-et-Garonne en août 1944. Cette évocation a entraîné celle du maquis de Lavit-de-Lomagne, le maquis des Carottes : le samedi 1er juin 2019, comme chaque année, a eu lieu une cérémonie du Souvenir sur les lieux mêmes où exista ce maquis – et à laquelle j’ai assisté.

Et puis, pour finir sur cette question, il y a tous les événements qui se sont succédé hors de France, sur d’autres lieux de la guerre, en Afrique du Nord, et en Italie, avec au passage la Libération de la Corse, premier département français à être libéré, au début du mois d’octobre 1943.

Quelques mots encore sur les personnages : ces derniers vivent des histoires d’amour qui illustrent la fragilité des destinées humaines broyées par les guerres, et l’engagement personnel, au service d’un idéal. Ici, la Libération de la patrie.

5–Il me faut ajouter quelques remarques,à propos des paysages décrits dans ce roman, d’abord pour ceux qui se rapportent au Sud-ouest : je leur ai donné beaucoup d’importance parce qu’ils correspondent à une réalité, celle de paysages que j’aime infiniment, et qu’ensuite ils sont indissociables des personnages, que j’ai voulu profondément enracinés dans leur région : en effet, ils influent sur leur  psychologie, les inclinant à la réflexion, ou au contraire les poussant à agir, ils les réconfortent ou les apaisent.

Toujours sur la question des lieux, des paysages, j’aichoisi de nommer par leur vrai nom[7] des lieux que j’aime, qui me subjuguent à chaque fois que j’ai l’occasion de les voir.

  Je me suis rendue, dans la région, dans chacun de ces lieux que j’ai précisément nommés, y retournant plusieurs fois, restant en contemplation face à la nature pour mieux m’en imprégner, et pouvoir restituer ensuite, par l’écrit, la magie que je ressentais. Ç’a été le cas entre autres, pour la forêt de Montech et le château de Cadars à la limite de cette forêt ; il fut le siège de l’administration allemande de la forêt, de novembre 1942 à août 1944.Le village de Cordes-Tolosannes est aussi très présent, comme l’abbaye de Belleperche,ou le canal à Castelsarrasin.

Je les ai donc choisis pour leur beauté, et le côté immuable de cette beauté face à la fragilité des personnages, impuissants à maîtriser les événements, malheureux dans cette tourmente qui les désoriente.La nature est là pour leur faire oublier un instant les difficultés à venir.

La nature est là aussi pour apaiser le tumulte intérieur, ne serait-ce qu’un instant, à l’image d’un des personnages féminins du roman qui vientcacher ses tourments le temps qu’ils s’apaisent, dans la beauté du paysage.

La nature, c’est le réconfort, le gage d’autres jours heureux à venir, puisqu’elle reste immuable tout au long d’un cycle saisonnier enperpétuel renouvellement : ainsi, la vie reviendra comme avant … « quand la guerre finira », malgré les blessures des temps qui viennent de s’achever.

  Il y a aussi un symbolisme des jardins dans ce roman, celui des jardins clos (le jardin de l’abbé de Cordes-Tolosannes, comme celui de Madame Apolline à la maison close ou celui du « borj » dans le petit village de Bou-Rihana). Jardins clos à l’abri des turbulences du monde, îlots de sérénité, voire de pureté, où se ressourcent les personnages.

  Ensuite, pour les autres paysages qui se rapportent à des régions extérieures à la France, ils sont également décrits, si l’on peut dire, d’après nature – sauf ceux de la campagne d’Italie qui m’ont été inspirés par le récit de ce parent militaire évoqué plus haut.

  Il faut mentionner aussi dans ce roman la présence très marquée de la nuit qui, souvent, teinte de mystère les paysages qu’elle obscurcit, et les hommes dont elle voile les actions, les plus courageuses comme les plus troubles. Par exemple, les marches des Résistants par les nuits sans lune, où se dissimulent aussi ceux qui les traquent, ou les fermes qui brûlent sans qu’on sache qui met le feu.[lecturep. 127]

6 – Quelques mots sur l’arrière fond musical du roman.

  Si l’on y regarde de plus près, il y a ça et là des accents musicaux qui parsèment le récit : violon, pour le personnage de la mère, Clémence, que son instrument aide à surmonter les jours difficiles ; guitare, pour un autre des personnages féminins du roman, qui exprime par son jeu les sentiments qu’elle ne peut pas extérioriser sous le coup d’une émotion ou d’une grande agitation intérieure ; harmonium, qui accompagne des instants de recueillement.

7-Et puis, pour conclure, sans rien révéler du parcours et du destin des personnages, je me permets de mettre l’accent sur les deux courts paragraphes de fin : les deux frères, Pierre et Jean, se retrouvent, debout sur une berge de la rivière, face au Moulin qu’ils habitent. Après avoir fait une sorte de bilan de ces années de guerre sur leur existence et celles de leurs amis, ils redeviennent silencieux face à la nature.

N.B.J’ai écrit ces derniers paragraphes du livre inspirée par la courbe mélodique d’un morceau d’un compositeur anglais de la fin du XIXe siècle (le « Salut d’amour » d’Edward Elgar (1857-1934)aujourd’hui complètement inconnu. J’ai trouvé dans ce morceau qu’il y avait l’expression d’une confiance joyeuse en l’avenir, puisqu’il s’agit d’un cadeau de fiançailles du compositeur à sa fiancée, mais aussi, relatif à mes personnages, quelque chose d’une indéfinissable mélancolie laissée par les bouleversements de la guerre.


[1] Journal tenu par M. Marrast, novembre 1942-mai 1943, directeur de l’école primaire de Bou-Arada( Bou-Rihana, dans le roman) – le village où j’ai grandi, avec son « borj » où je suis allée à l’école.

[2] Etienne Dumon, Notes des temps de guerre, 4 cahiers, du 21 juin 1940 au 22 mai 1943. Il manque le 2e cahier (janvier-mars 1943). Il habitait le quartier Saint-Henri à Tunis à l’époque où il écrivit ces Notes des temps de guerre (archives personnelles). Ces cahiers m’ont été remis par Mme Chantal Iannone.

[3] Relation du colonel Albert Piau, qui participa à la prise du MonnaCasale, au sein d’un régiment de troupes coloniales en janvier 1943, sur le chemin du Monte Cassino (archives personnelles).

[4] Quelques phrases ici ou là, dans la thèse de Fabrice Virgili, m’ont donné l’idée du personnage de Mme Apolline. Fabrice Virgili a écrit une œuvre conséquente sur les relations entre hommes et femmes en France pendant la Seconde guerre mondiale, à partir de sa thèse, « Une France virile : des femmes tondues à la libération », soutenue en 1999 sous la direction de Pierre Laborie.

[5] La forêt de Montech a retrouvé son nom du Moyen Age : « la forêt d’Agre ».

[6] Je me suis inspirée de la relation de l’historienne Rolande Tempé, grande résistante, → mettre ici la référence complète.

[7] Une seule exception, pour tout le roman : je n’ai pas donné son vrai nom au village que j’ai appelé « Bou-Rihana » : il s’agit en réalité du village de Bou Arada, à 80 km à peu près au sud-ouest de Tunis. Pourquoi ai-je modifié ce seul nom ? Je ne saurais pas l’expliquer clairement, en peu de mots. Probablement parce qu’il touche à l’intime de mon être, un peu comme un jardin secret. Bou-Arada a été le village de mon enfance et de ma jeunesse. La ferme de mes parents était située au pied du djebel Rihan, d’où le nom de « Bou-Rihana ».

Les commentaires sont clos.